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Théâtrorama

L’interpellation de la curieuse élégance d’un titre

Et l'Amour creusa mon ventre à la Manufacture des Abbesses. Comment décide t’on d’aller voir une pièce de théâtre ? Qu’est-ce qui nous attire plus particulièrement ? Est-ce pour un comédien, un lieu, un sujet ? Quelle influence un titre de pièce a t’il sur notre décision finale ? Telle la sensibilité de chacun, il développe instantanément un état de curiosité. C’est ainsi que vous choisissez le voyage théâtral que vous allez faire, car l’entrée en matière vous inspire et démarre fort.

Le titre de la pièce choisi par Julien Köberich, fait partie de ceux-là : il interpelle de par ses mots et sa curieuse élégance… Et l’Amour creusa mon ventre. Vient la suite, comme une belle évidence, son écriture est aiguisée, drôle, émouvante. Voici le voyage…
La passion amoureuse ou le trio de la vie ordinaire

Tom est un jeune homme d’aujourd’hui. Pudique, vif, emporté dans le tourbillon d’une vie bien remplie, mais assez ordinaire. Néanmoins, il impose une différence : c’est un amoureux de l’amour. Une sorte de chevalier des temps modernes. La poésie fait battre son cœur au rythme de ses envies. Parfois troublant, parfois agaçant, rempli de belles intentions, il dérange le quotidien de certaines, et fait basculer le cœur des autres.
Un jour dans une boutique, il rencontre la belle Adèle, comme un hasard des jours heureux…mais ne dit-on pas que l’imprévu peu décevoir l’attendu ? Et c’est toute sa vie qui bascule.

D’une vie soudée et drôle avec Floriane, l’amie-amante qu’elle devient, il glisse dans les affres de l’insupportable douleur d’aimer. En quittant la boutique d’Adèle, il sait qu’il ne la reverra jamais plus. Le fantasme à l’état brut. Il ne pense plus qu’à elle, cette femme si désirable, même dans les bras de Floriane. Il devient fou, invente une vie à trois en étant deux, refuse de brûler ce rêve destructeur, vit entre la réalité et l’insondable. L’amour ne s’invente pas, le fantasme si…
Un thème intemporel au service d’une écriture intelligente



 

Le thème de la pièce est traité avec une grande sincérité. Julien Köberich jongle avec les mots qui touchent pour nous faire rentrer dans son histoire, même si elle a déjà traversée les siècles. La passion, les illusions, l’inaccessible, tout y est. Mais c’est écrit avec l’humour nécessaire pour ne pas s’ennuyer. Le ton est moderne, normal, nous sommes dans l’ère du 21ème siècle.

 

C’est ainsi que se croisent les sms nécessaires à une histoire d’amour. Ils sont là, devant vous, défilant sans répit sur un tableau vidéo. Pas d’ordre dans les scènes… elles s’enchaînent sans un sens précis, c’est là que l’intelligence du texte prend son sens. Le public plonge dans les vies de chacun, des morceaux d’histoires qui n’en font qu’une.Si l’introduction de la pièce déroute un peu par sa longueur de mise en place, l’ensemble de « la pièce de théâtre » comme le précise si bien l’auteur, est très bien porté par les trois acteurs.Julien Köberich met en scène avec élégance. Sur un espace scénique simple mais efficace, une belle ingéniosité ressort avec l’utilisation de drisses (cordes) blanches qui disparaîtront pour clore le final. Une mention particulière à Fanny Balesdent incarnant Floriane, tant son jeu puissant et léger à la fois, nous émeut du début à la fin. Sa partenaire Chloé Genet, brille par sa belle présence, et Julien Köberich est à la hauteur de l’acteur qu’il est également. Auteur, Metteur en scène et Comédien, son travail artistique mérite d’être porté en haut de l’affiche. Un moment de théâtre à découvrir sans tarder. Souhaitons-lui, souhaitons-leur, le meilleur pour demain, l’amour creuse joliment leur talent.

 

 

 

Margaux PalluetLe 21 novembre 2018

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